« Le numéro 12. C’est ici. Je suis arrivée.
Mon cœur bat trop fort, l’émotion me submerge.
Derrière la clôture en fer forgé rouillé et
à travers les vieilles canisses, j’aperçois l’ancienne bâtisse
dont on m’a si souvent parlé quand j’étais enfant.
Dans la nuit du 18 au 19 avril 1944,
les bombardements avaient détruit Sotteville.
Mon grand-père, tout jeune à l’époque,
avait vécu l’une des plus grandes frayeurs de sa vie ;
il avait découvert, après ces heures d’enfer, sa ville anéantie,
dévastée et ensevelie sous les décombres…
Poussant le portail délicatement pour éviter de le faire grincer,
je pénètre religieusement dans ce jardin inconnu. »
« Elle attendait devant
la grille
rouillée par le temps
abandonnée.
des pas se rapprochaient :
Se décider.
Elle pousse la grille
Et tombe sans un cri
Dans un vide bleu
Sidéral, rempli d’oiseaux
De fleurs,de vent léger
De douceur
un violoncelle joue au loin
Une musique qu’elle aima
Elle était morte. »