« C’était devenu un rituel,
il s’accordait chaque matin
une pause-café dans ce bistrot
aux éclairages un peu trop agressifs.
Cet endroit manquait de douceur, certes,
mais le stimulait pour affronter la suite de sa journée,
et il faut ajouter que le café,
provenant de Colombie,
y était divinement bon.
Il reposa son stylo sur le journal,
pensant à l’article insolite qu’il venait de lire :
« Savoir accueillir son destin ».
C’est à cet instant-là exactement qu’il les vit entrer … »
« Le comptoir »
« Encore un voyage sans but,
Encore un hôtel sans étoiles,
Encore un matin sans vie.
Les yeux embués, les gestes hésitants,
je respire l’arome vivifiant du café.
Il me rappelle à la réalité.
Autour de moi, le monde s’agite.
Des voix, des rires, le bruit de tasses qui claquent derrière le comptoir,
le sourire du serveur, le ding de la caisse, les chaises qui s’entrechoquent.
Le monde accélère et moi je suis au ralentit.
J’observe les gens,
hommes d’affaires,couples légitimes ou pas, ils vivent.
Je relève la tête et vois ma solitude dans le miroir.
Le reflet du petit déjeuner devant moi avec pour seul compagnon le journal.
Encore un voyage sans étoiles,
Encore un hôtel sans but,
Encore une vie sans matin. »