« Ami Informaticien, t’as jamais remarqué que les lettres
S, D, F, sont côtes-côtes sur le clavier ?
C’est pourquoi il ne faut pas te croire en sécurité :
A toi aussi, ça pourrait t’arriver ! »
Texte protégé par copyright "Lionel Viala ®"
« Un soir d’hiver, sur le trottoir,
Un sans-abri tout seul frissonne.
Las, il frictionne ses doigts noirs,
Crachant dessus son souffle ivrogne.
Il prend son flacon de rhum brun
Posé à même le bitume ;
En ôtant le bouchon soudain,
Il le respire et il le hume.
L’homme soupire en contemplant
Le triste fond en sa bouteille,
Qui a coûté tout son argent
Et qu’il a ouverte la veille.
Levant les yeux vers l’astre plein,
Il dit tout bas : « Entends-moi, Lune !
Il se peut fort qu’avant demain
Je gise glacé en ma turne.
« Tu fus pour moi un réconfort
Durant une bien triste vie ;
Sans doute ce soir vient la mort,
Alors je bois à une amie. »
À cette étrange invocation
Accourt un escadron de fées,
Qui font perler en son flacon
Un peu de poussière argentée.
La nuit s’écoule et l’homme boit
Cette décoction étonnante,
Une sorte d’ayahuasca
Réchauffant la tête et le ventre.
Or un tel nectar est la clef
Déverrouillant le doux royaume
Des esprits qui, pleins de bonté,
Y ont invité le pauvre homme.
Grand bien lui a donc fait d’aimer
Les étoiles plus que ses frères
Car les premières l’ont aidé
Là où on l’aurait mis en bière.
Heureux ceux qui savent parler
Aux esprits et à la nature
Car ce sont les derniers sorciers
— Prions pour que leur règne dure ! »
« Requiem pour des boulevards
Il y a ce manque de solidarité de la part de tous ceux que la morale n’intéresse
que dans les salons de thé ou assis confortablement devant leur télévisions.
Ils passent devant des gisants vivants, des hommes et des femmes, en meutes pacifiques
qui traînent sur les boulevards leur misère devant les yeux de tous.
Combien traversent les rues sans les voir. Faisant semblant ou peut-être pas ?
Car comment être aveugle et sourd devant la jambe d’un homme
sur un trottoir que l’on a dû éviter pour ne pas buter dessus.
Difficile de comprendre pourquoi les gisants ont baissés les bras, car il faudrait s’interroger sur soi.
La plupart du temps les gisants ne bougent pas, ils n’attendent plus rien,
sont devenus automates qui disent "pour manger" et tendent un petit bol pour de la menue monnaie.
Un petit euro ne servirait à rien et je vous assure que votre conscience le sait.
Le pire c’est le pouvoir, je veux dire ceux qui l’ont car le peuple le leur a donné. Que font-ils cela ?
C’est moche de défendre une idéologie humaniste et d’être sourd, aveugle et finalement
consentant face aux gisants. Parfois des bons samaritains répondent présents
pour aider les gisants face au froid et à la faim, mais toujours ils pensent à court terme.
Ils savent très bien que dans les foyers c’est plein de relents, de rapines, malpropres, et violents.
Ils savent que la réponse ne peut pas être que de première urgence.
Cela doit les rassurer d’avoir agi sommairement, mais sur le long terme c’est le déni.
Et puis il y a l’élu, celui qui est la hiérarchie, le maire en personne et ses adjoints,
c’est eux que je dénonce car ils peuvent agir. Mais en vérité, ils passent tous les jours au même endroit,
sans regarder, d’un pas accéléré par la gêne de voir des choses humaines roulées dans des chiffons.
Ils ne votent plus depuis longtemps les gisants alors on s’en fou. Allez voir ailleurs,
Calcutta Bombay ou autres - c’est pire m’a dit un élu. Pauvre type ! Soi-disant nous serions une nation civilisée ?
Je ne crois pas que nous soyons impuissants. Loger, nourrir, vêtir en toute décence et aider à l’insertion c’est possible.
La situation est-elle des gisants, des sans toits, qu’elle grandit tous les jours. Qu’on se demande comment
c’est possible que personne ne souhaite remédier à l’urgence et apporter des réponses sur le long terme ?
J’ai encore quelque chose à dire c’est merci à ceux qui ouvrent leur tribune à ma plume qui enrage. » |