« Requiem pour des boulevards »
Il y a ce manque de solidarité de la part
de tous ceux que la morale n’intéresse
que dans les salons de thé ou assis
confortablement devant leur télévisions.
Ils passent devant des gisants vivants,
des hommes et des femmes, en meutes pacifiques
qui traînent sur les boulevards leur misère devant les yeux de tous.
Combien traversent les rues sans les voir.
Faisant semblant ou peut-être pas ?
Car comment être aveugle et sourd devant la jambe d’un homme
sur un trottoir que l’on a dû éviter pour ne pas buter dessus.
Difficile de comprendre pourquoi les gisants
ont baissés les bras, car il faudrait s’interroger sur soi.
La plupart du temps les gisants ne bougent pas,
ils n’attendent plus rien, sont devenus automates qui disent
"pour manger" et tendent un petit bol pour de la menue monnaie.
Un petit euro ne servirait à rien et je vous assure
que votre conscience le sait. Le pire c’est le pouvoir,
je veux dire ceux qui l’ont car le peuple le leur a donné.
Que font-ils cela ? C’est moche de défendre une idéologie humaniste
et d’être sourd, aveugle et finalement consentant face aux gisants.
Parfois des bons samaritains répondent présents pour aider les gisants
face au froid et à la faim, mais toujours ils pensent à court terme.
Ils savent très bien que dans les foyers c’est plein de relents,
de rapines, malpropres, et violents. Ils savent que la réponse ne peut pas
être que de première urgence. Cela doit les rassurer
d’avoir agi sommairement, mais sur le long terme c’est le déni.
Et puis il y a l’élu, celui qui est la hiérarchie,
le maire en personne et ses adjoints, c’est eux que je dénonce
car ils peuvent agir. Mais en vérité, ils passent tous les jours
au même endroit, sans regarder, d’un pas accéléré par la gêne
de voir des choses humaines roulées dans des chiffons.
Ils ne votent plus depuis longtemps les gisants alors on s’en fou.
Allez voir ailleurs, Calcutta Bombay ou autres - c’est pire m’a dit un élu.
Pauvre type ! Soi-disant nous serions une nation civilisée ?
Je ne crois pas que nous soyons impuissants.
Loger, nourrir, vêtir en toute décence et aider à l’insertion c’est possible.
La situation est-elle des gisants, des sans toits, qu’elle grandit tous les jours.
Qu’on se demande comment c’est possible que personne ne souhaite
remédier à l’urgence et apporter des réponses sur le long terme ? »
« J’ai encore quelque chose à dire c’est merci
à ceux qui ouvrent leur tribune à ma plume qui enrage. »