« Partout, c’est la désolation...
Crue puanteur de pollution !
La terre vomit des gens qui souffrent
sur des eaux saumâtres et de souffre.
Ici, une frêle embarcation
s’enlise et reste à l’abandon
car ceux qui rejoignent la rive,
savent très bien ce qu’il leurs arrive ;
Sans plus de rêves ni d’illusions,
ils voulaient partir, à quoi bon ?
Il n’y a plus “d’ailleurs” où aller,
plus d’espoir pour l’humanité...
Tous victimes de la pollution !
Partout c’est la désolation....... »
« La fin »
« Chacun son courant, chacun son naufrage.
Moi j’ai rempli d’eau ma barque de plomb
Et j’attends sans peur la fin du voyage,
L’heure de la nuit, le temps du grand fond.
L’horizon, là-bas, morne platitude,
Ne m’appelle plus à son rendez-vous.
Son étale accord de béatitude
Est un vain serment me privant de vous.
La vague un instant saute sur ma joue,
Mourant sur la lèvre en petit clapot.
Je veux m’enfoncer dans sa houle floue
Et m’abandonner à son noir sanglot.
Je coule et soudain, fermant la fenêtre,
Au-dessus je vois s’estomper le jour.
L’astre dévoyé qui m’avait vu naître
Eteint le lampion de son abat jour. »
« Alors que le soleil brille sur les plages,
que les gens se badigeonnent d’huile solaire,
que les maillots de bain ressortent des tiroirs,
la mer engloutie de plus en plus d’âmes.
Dans ses abysses, les regards des innocents.
Les corps échoués pleurent la liberté.
S’enfuir de terre en feux, en périls.
Tourner le dos au désespoir,à la misère.
Embarquer pour une croisière vers un meilleur avenir.
Choisir de vivre mieux, loin des siens.
Les vagues claquent sur les coquilles de noix,
Le vent agite les mats.
Dans leurs filets, les passeurs ont encaissé l’espoir de ces voyageurs.
Un billet vers l’inconnu, sans retour.
La mer avalera ces bateaux vendeurs de rêves.
L’espoir des ces gens sera noyé tout près des cotes.
Là où l’insouciance des vacanciers s’étale sur le sable chaud. »
« Les fruits de la misère »
« Nés d’un monde sans valeur où seul le profit compte,
Où ils perdent leur boulot quand d’autres s’enrichissent,
Certains choisissent de suivre ceux qui affichent sans honte
Leur haine de l’étranger dans un sourire factice !
Ils crient avec les loups, ils le montrent du doigt
Ils l’accusent de tout, de rien, surtout du pire,
Ne lui laissant pas même le bénéfice du droit,
Ils se laissent embarquer dans n’importe quel délire !
Ne tenant aucun compte des leçons de l’Histoire,
Ils veulent bâtir des murs au pays des droits de l’Homme,
Ils vendent leur âme au diable, s’enfonce dans le noir
Et sur les ruines d’un peuple, croient bâtir leur royaume !
…
Nés du mirage illusoire des vitrines étincelantes,
Des chromes rutilants d’une trop belle carrosserie,
Elevés à la lisière d’une vie plus éclatante,
Ils ont choisi de prendre c’que n’offrait pas leur vie !
Spectateurs impuissants d’un monde superficiel
Où tout semble facile, où l’argent coule à flot,
Mais confrontés très vite à la vie bien réelle,
Ils laissent là les valeurs et sortent du troupeau…
Un langage, une tenue, ils savent se reconnaitre,
Ils se déplacent en bande, chapardent et vandalisent,
Ils jouent à nous faire peur et à défier leurs maîtres,
Ou dans la poudre blanche, ils fuient et se détruisent !
…
Nés de la plus sombre noirceur de l’âme humaine,
Des barbares sans honneur ont ouvert les enfers !
Trop lâches pour assumer leur soif de pouvoir et leur haine
Ils cachent leurs noirs désirs derrière un dieu en colère !
Comme les hordes sauvages déferlaient sur le monde,
Comme les sanguinaires pirates montaient à l’abordage,
En meutes comme les hyènes, ils avancent et ils grondent
Et trouvent leur plaisir dans les pires outrages !
Ils laissent derrière eux ruines et désolation,
Une nuée de sauterelles qui saccage et détruit,
Une plaie, un cauchemar ou une damnation
Dont personne en ce monde ne sortira grandi !
…
Celui qui cède aux sirènes et à leur chant trompeur
Et refuse le salut à ceux qu’on tue ou qu’on enchaine
Et celui qui défie les lois, qui ne respecte aucune valeur
Partagent la même misère, portent les mêmes chaînes !
Celui qui laisse gagner sa haine, son mépris et sa peur,
Qui fait taire sa conscience pour un peu de confort
Et celui qui massacre au nom d’un dieu vengeur
Sont nés du même monde, subissent un même sort !
Grandir dans un pays pillé par « l’étranger »,
Ou bien dans un ghetto sans espoir d’en sortir
Ou encore dans un monde privé d’humanité
Effacera tous les rêves, volera tous les sourires.
On a bâti un monde injuste et sans amour
On a creusé sans fin un abîme entre nous
Et obtenu la guerre, la violence en retour
Dans un monde d’ignorance, de terreur et de fous !
On a fauché l’espoir dans les rêves et les cœurs,
On a semé des graines de peur et de misère,
On a pillé les âmes, ignoré les rancœurs,
Et on récolte les fruits amers des enfers ! »
Colmar – 15 septembre 2015